30 avril 2016

Ivo Perelman & Joe Morris - Burton Greene & Silke Röllig - Tusquès Oki Parle Juanpera - Tournesol - Gianni Mimmo & Garrison Fewell -

Blue Ivo Perelman Joe Morris Leo Records CD LR 734


S’il y a bien un label dédié aux musiques improvisées qu’aucun amateur n’arrive à suivre à la trace (on est ici au n° 734 !),   c’est bien Leo Records. Toutefois, il y a maintenant un artiste du label dont je me voudrais de manquer l’écoute de ses (nombreux) nouveaux albums, c’est bien Ivo Perelman ! Tant attendu par les Perelmaniaques (sorry, mais on sait qu’il y a aussi les Brötzmanniaques, les Braxtophages, les Zornophiles ou les Gustafssoniques …) , le duo avec le saxophoniste brésilien et le guitariste Joe Morris, lui-même aussi contrebassiste dans plusieurs de ses opus récents en quartet dont le magnifique Breaking Point avec le violon alto de Matt Maneri (CD LR 753). Matt, Joe et Ivo avaient d’ailleurs produit une pépite en trio alto guitare et sax ténor : Counterpoint LR 730. C’est dire si ce présent enregistrement complète la galerie perelmanienne. On peut trouver que Leo a tendance à sur-documenter certains artistes et qu’une partie de leurs productions sont redondantes, dans le cas d’Ivo Perelman, une large partie de son catalogue Leo s’inscrit judicieusement au-delà de la documentation exhaustive. En effet, l’intérêt profond pour les différentes configurations instrumentales autour du saxophone ténor d’Ivo, du piano de Matt Shipp, de l’alto de Matt Maneri, de la guitare de Joe, des contrebasses de Michael Bisio et de Joe (again !) et des percussions de Gerald Cleaver et de Whit Dickey se marie providentiellement avec un plaisir d’écoute à la fois intense et profond. C’est rare. Sommairement, on dira que le saxophone de Perelman marie les caractéristiques lyriques de deux légendes du saxophone ténor qui incarnaient deux voies antagonistes dans le jazz des sixties : Archie Shepp et Stan Getz. Ivo fait chanter le registre très aigu du ténor grâce à une maîtrise miraculeuse des harmoniques. Mais croyez bien que Joe Morris n’est pas en reste : jouant uniquement de la guitare acoustique (modèle folk ?) dans des registres qui tutoient le comping du jazz moderne, croisent des harmonies contemporaines savantes ou juxtaposent de grands écarts un peu comme le faisait Derek Bailey. La qualité de son jeu est l’écrin parfait pour les créations mélodiques instantanées du souffleur, un véritable chanteur de haut vol du saxophone. On y retrouve la tradition sublimée par des extrapolations infinies. Que voulez-vous encore que je vous serve là : ses sons aussi sont de Lion !! Un saxophoniste ténor à suivre autant qu'Evan Parker et Paul Dunmall !

Space is still the Place Burton Greene & Silke Röllig improvising beings IB 59

Connu comme un vieux sou dans la free-jazzosphère depuis l’époque héroïque où Albert Ayler et Sunny Murray renversaient toutes les conventions musicales, le pianiste Burton Greene a toujours incarné une vision émancipée et syncrétique du jazz à l’instar d’artistes aussi singuliers et différents que Sun Ra, Paul Bley ou un Ran Blake. C’est d’ailleurs au fabuleux duo de Ran Blake et Jeanne Lee qu’on songe à l’écoute de ce superbe disque en duo avec la chanteuse Silke Röllig. Les notes de pochette relatent qu’elle eut sa révélation musicale du jazz (son premier concert) lors d’un gig du pianiste en 1987 et qu’ils collaborent depuis 2004. Une coïncidence patronymique qui mérite d’être relevée : l’artiste graphique de la première série européenne d’albums dédié au free-jazz sur le label Fontana Philips vers 1964 1965 s’appelait Marte Röllig. Cette artiste illustra des albums de Dollar Brand, Paul Bley, Cecil Taylor, Archie Shepp et John Tchicaï en quartet et dans le NY Contemporary Five, Ted Curson, NY Art Quartet (Tchicaï Rudd Workman Graves) et Marion Brown. Le groupe seminal de Burton Greene , Free Form Improvisational Ensemble avec Alan Silva méritait largement de figurer dans cette série initiatique. Par la suite, Burton fut un habitué des labels européens comme BYG, Futura, Hat Hut, Horo, Circle et Musica. Son parcours musical atypique et les différentes sources de sa musique font de lui un musicien un peu trop curieux pour les critiques, visiblement à l’écart des mouvements importants. Il défraya la chronique quand le critique Leroi Jones dénigra sa personnalité et sa pratique musicale de manière injustifiée dans le magazine Down Beat et je pense que cette incartade a dû avoir à l’époque des conséquences négatives sur sa carrière, car cette histoire fut reprise en boucle par des artistes notoires. Bref, un artiste méconnu du jazz authentique qui nous livre ici un bon moment en servant avec beaucoup de talent et de sincérité les compositions et les textes de cette chanteuse à la voix singulière et aux idées musicales originales. Sa voix d’alto me touche au niveau de l’émotion même si cela babille du côté de l’enfance avec la légèreté requise, fort heureusement. L’écoute du disque est profondément agréable autant parce qu’ils vont tous deux droit à l’essentiel et qu’il y a autant d’âme que leur musique est dénuée de prétention. La connivence fonctionne à travers l’entièreté du programme (13 compositions originales) créant une unité de ton dans la sensibilité et le jeu collectif, difficile à atteindre si les deux artistes ne s'engagent pas totalement dans le projet. Le jeu de Burton Greene est une merveille de swing et emprunte à des sources plus originales, nettement plus nature que le sempiternel billevansisme consensuel… angularités, dissonances, polymodalité, constructions audacieuses, bagage musical transversal, vivacité du blues... on songe à ces pianistes qui ont ouvert des portes : Mal Waldron, Jaki Byard, Andrew Hill, Paul Bley, Ran Blake. Comme eux, Burton Greene est un original incontournable et sa contribution magnifie le chant et la musique de Silke Röllig en démontrant quel véritable improvisateur il peut être. Son jeu percussif – rythmique sur différentes parties dans le dernier morceau, Syl and the Arshayic People , mérite de figurer dans une anthologie Moi je vote pour ! La politique d’Improvising Beings est de vouloir conférer un air d’éternité à des improvisateurs que le « marché » a mis sur des voies de garage et cela dans une vision transversale en ce qui concerne les styles et les domaines musicaux. Avec Space is Still the Place, son producteur, Julien Palomo et les deux artistes font vraiment œuvre utile ! Admirable.
PS : Oeuvre d'Aurélie Gerlach pour le recto de la pochette.

Le Chant du Jubjub François Tusquès Itaru Oki Claude Parle et Isabel Juanpera improvising beings IB 43

 Une belle réunion d’inclassables et, pour une  très rare occasion, une participation éloquente de l’accordéoniste Claude Parle, un pilier de l’improvisation et de la musique expérimentale à Paris depuis un demi-siècle quasi jamais documenté. Isabel Juanpera dit ou chante quelques textes au milieu des souffleries du trompettiste Itaru Oki et de l’accordéon de Parle que structurent la logique imparable et ludique du pianiste François Tusquès, même avec trois doigts. Tout est possible, le morceau d’ouverture évalue la multiplicité des repères du blues. Isabel dit Essayez tout ce que vous ne savez pas et on entend ensuite Claude Parle tenter des broderies dégingandées sur la trame paisible posée par le pianiste dans un dialogue tangentiel créé dans l’instant qui s’avance à pas compté vers une atmosphère lourde et sombre, enlevée par les tourbillons à vingt doigts. On évoque le Paris du jazz (free), il y a un demi siècle : Madame Ricard, Don Cherry Bue, Au Chat qui Pêche, en soulignant l’inspiration rebelle et nomade des instants inoubliables vécus par Tusquès et Parle. Je vous informe que Claude Parle avait joué en avril 1971 avec le trio de Don Cherry avec Johny Dyani (quasiment le même jour que celui de l’enregistrement du disque Orient – Eagle Eye & Togetherness) et que Tusquès fut parmi les jeunes musiciens parisiens qui jouèrent avec Don (JF Jenny Clark, A Romano, H Texier Jacques Thollot) vers 65-66. Quant à Itaru Oki, il est un pur représentant de cette ouverture sur l’universel dont Cherry fut l’initiateur… Et son rapport à l’instrument (pavillon improbable) est unique en son genre. Il faut entendre les convergences et l’écoute entre Oki et Parle au fil des morceaux parmi les notes choisies avec soin par Tusquès et ses variations subtiles des éléments thématiques de chaque pièce. C’est un beau moment de partage de la musique entre trois personnalités fortes, contrastées et qui se bonifie au fur et à mesure du déroulement du concert. Les interventions parlées de Juanpera, outre leur charme un rien désuet ont le bonheur de relativiser les élans d’Oki et Parle et recadrent la concentration. On notera les échappées du trompettiste qui se meurent dans le silence et son solo du Final Nostalgique introduisant les dernières mesures de Tusquès dans un blues bien senti qui me rappelle que je remettrai volontiers son L’Étang Change sur la hi-fi pour terminer la soirée (album solo IB de FT). Un beau concert à l’Ackenbush, lieu incontournable à Paris.
PS Création graphique remarquable pour la pochette ! 

Tournesol  Julien Desprez Julien Loutellier Benjamin Duboc Dark Tree



Autre concert à l’Ackenbush : Tournesol  dont le dessin stylisé or sur fond noir de la pochette symbolise l’irisation des frottements et drones de ce trio guitare contrebasse et percussions. Une demi-heure de soft noise et de ramifications vibratoires où l’action de chaque improvisateur s’interpénètre dans celles des autres au point où l’on ne distingue pratiquement plus qui fait quoi. Les agrégats de timbres évoluent très lentement au fil des minutes sans que l’intensité ne flanche d’un iota ou n’enfle. Un chaos concerté porté par l’écoute mutuelle. Dark Tree nous avait gratifié de l’excellent Sens Radiants du trio Lazro Duboc Lasserre et il est intéressant d’écouter les deux albums à la file pour goûter mieux leurs univers respectifs dans une même perspective. Cette démarche bruitiste – drones nécessite  chez les musiciens un sens de la dynamique, une concentration et une sensibilité qu’il est malaisé de communiquer à l’auditoire avec la conviction de Desprez Duboc et Loutellier. Une question de dosage, de précision dans le traitement des sons qu’il faut sublimer vers une réel état de transe, palpable dans les instants qui se succèdent au fil des trente quatre minutes de Pour – Que  -  La nuit – S’ouvre. Une belle expérience sonore !!

Flawless Dust  Garrison Fewell Gianni Mimmo Longsong Records LSRDC 138


Enregistré en 2014 au dEN studio à Novara, Flawless Dust  illustre avec bonheur la musique du guitariste Garrison Fewell avant sa disparition subite l’année dernière. En compagnie du saxophoniste soprano italien Gianni Mimmo, un exégète de la cause lacyenne, il tisse un réseau d’accords, d’intervalles, de dissonances fugaces en en calibrant les variations comme un véritable orfèvre. Un jeu racé à la six cordes électrique  qui se contente d’être légèrement amplifiée tant  s’exhale de son toucher sensible autant de musicalité que par son choix instantané et minutieux de chacune de ses notes. On dira même que la qualité de son toucher est au centre de sa musique Le souffle de Mimmo rappelle inévitablement celui de son maître, Steve Lacy, même s’il cultive une véritable personnalité au travers de cet héritage comme le prouve amplement cet enregistrement. Sans doute, un de ses enregistrements les plus significatifs : il s’y laisse aller dans la vibration du son. Les neuf pièces improvisées parsèment leur poésie au travers des idées musicales développées avec soin. A noter une subtile préparation de la guitare dans A Floating Caravan. Aucune précipitation, on prend le temps de jouer : la musique respire et il faut attendre Other Chat ou Grainy Fabric , les deux derniers morceaux pour que la voix du saxophoniste devienne tranchante et son débit empressé. Donc il s’agit pour moi d’un excellent album réalisé par des improvisateurs solides, sensibles et très expérimentés. A écouter en soirée au bord de la terrasse ou au coin du feu selon les saisons pour se relaxer sans se poser de question existentielle sur la motivation artistique : quand on tient de tels musiciens à portée de lecteur CD, il ne nous reste plus qu’à se laisser porter par la musique tout en flottements apaisés. Si je n’avais pas autant d’enregistrements sur ma table d’écoute, je les remettrai quelques soirs de suite. Dehors, le soleil s’enfonce en rougeoyant dans la brume…

28 avril 2016

Stefan Keune & Paul Lovens - Philipp Wachsmann & Lawrence Casserley - Sandy Ewen - Jean-Brice Godet Quartet - Casserley Gianni Mimmo & Martin Mayes

Live 2013 Paul Lovens & Stefan Keune FMR CD407 – 0116




On connaît trop peu le saxophoniste Stefan Keune (sopranino, alto, ténor, baryton), un véritable original de la free-music qu’on a entendu souvent avec John Russell. Le voici dans un superbe face-à-face avec un des amis de toujours du guitariste (JR), le légendaire percussionniste Paul Lovens, sa cravate, ses selected and unselected drums and cymbals et sa frappe inimitable. Il y a très longtemps que Lovens n’initie plus aucun disque lui-même si ce n’est ceux que ses partenaires tentent de publier à gauche et à droite. Enregistré à Bruxelles par un véritable expert, Michaël W Huon, le premier morceau (29’49'') se caractérise par une belle énergie et une prise de son détaillée au niveau de la frappe des cymbales. Comme il s’agit de Paul Lovens, ce qui semble un détail fait de Live in 2013, un document de première main. Le deuxième acte (31’37’’) a été enregistré à Munich et est un merveilleux pendant de la première manche. Il ne faut pas prendre Stefan Keune pour un faire valoir, il s’agit d’un souffleur de premier plan dans son domaine : il se distingue immédiatement dès les premières notes du tout venant du free-jazz. Sa manière très personnelle de faire éclater les notes, d’imploser la colonne d’air, d’étirer et de comprimer les sons avec une articulation folle, héritée des avancées d’Evan Parker et du Trevor Watts sopraniste des premières années 70 est vraiment unique, tel Butcher ou Gustafsson pour prendre des exemples connus. La conjonction des univers du souffleur et du batteur fonctionne à plein. Le percussionniste prouve encore que son imagination est intacte et que son jeu fourmille de détails imprévisibles. Paul Lovens peut se faire épuré en limitant son jeu à une action singulière ou à des frappes éparses suggestives d'un ordre musical né du désordre. Ce à quoi répondent les morsures et contorsions de l'anche de Keune.  La pochette est ornée d’un dessin stylisé des deux musiciens par Kris Vanderstraeten, lui-même un percussionniste unique en son genre. FMR s'affirme comme un des labels essentiels des musiques improvisées tous terrains confondus...

Garuda  Philipp Wachsmann – Lawrence Casserley  Bead Records

Voici mes notes publiées dans la pochette de cet enregistrement remarquable et somme toute assez rare.
En sanskrit, Garuda signifie l’aigle et se définit comme un homme oiseau fabuleux dans la religion hindouiste. Rien d’étonnant qu’après un premier morceau marqué par la griffe sonore insigne du violoniste Philipp Wachsmann, la musique s’élance insensiblement et vole dans l’espace, lequel est abordé sous des facettes différentes, vu chaque fois sous un angle et dans des dimensions différentes, par des incessantes mutations. L’électronique sensible de Lawrence Casserley prolonge, capte et transforme les sons du violon quand celui-ci adopte un atteggiamento insaisissable vis-à-vis des sons de son partenaire. Le violon lui-même s’est entouré des faisceaux lumineux d’une préparation électronique subtile, laquelle commente ses zig-zags avec flegme et sobriété. D’une note répétée en staccato, par un grattement de corde, un frottement quasi-éthéré ou  quelques pizzicati élastiques, Wachsmann suggère une histoire, une pensée, un sentiment inconnus dans le flux parfois diaphane, dense ou volatile du live-signal-processing de Casserley.  Il y a une pièce où le violoniste joue avec lui–même, je crois et d’autres où son action semble un fétu de paille charrié par le fleuve électro-acoustique. L’idée de virtuosité est abandonnée au profit des gestes du corps inscrits dans le son ou d’une digitalisation de l’émotion. Casserley réduit un moment son action à un détail ou métamorphose un rien dans des percussions inouïes. Une évocation sérielle s’échappe dans un nuage fuyant le vent d’ouest, une mélodie s’ébauche dans un soleil finissant. On ne saurait traquer les champs esthétiques ou décrire le style de ces deux musiciens : ils sont en éveil et nous posent autant de questions que notre imagination est capable de percevoir et d’admettre.  Vouloir retracer et évaluer leurs intentions équivaut à se perdre dans un labyrinthe. On oublie de faire des comptes et on écoute. L’agitation est vaine : s’arrêter conjure ici le sur place. Une intense simplicité dans une extrême complexité, l’esprit de sérieux évacué pour des jeux apparemment simples rivés sur l’infini. Mais sans solution de continuité. Un chantier, une expérience de l’instant plutôt qu’une œuvre.

Sandy Ewen Tributaries Chiastic Society  >X<  5  2016


Découverte assez récemment avec le contrebassiste Damon Smith dans quelques enregistrements significatifs, Sandy Ewen délivre ici une excellente démonstration  de ses talents à la guitare préparée, trafiquée, objétisée... Chacune des six pièces se focalise sur un champ d’action ou une direction bien déterminé qui se distingue clairement des autres par l’ambiance, la dynamique, les textures et les couleurs tout en constituant  côte à côte un ensemble homogène. Dans la ligne des Keith Rowe et du Fred Frith solo 1980 (etc…) , Sandy Ewen crée une œuvre forte, abrasive, électrogène, bruitiste sans générer le moindre ennui, que du contraire. Elle sollicite les ressources sonores de son instrument en utilisant – on le devine – des objets susceptibles de gratter, frotter, percuter, faire vibrer les cordes ainsi que la surface de plusieurs éléments de la guitare. Sa démarche fait parler l’instrument en soi et son processus d’amplification électrique comme si ceux-ci étaient réduits à l’état de nature, ensauvagés, loin de toute structuration de type mélodique et harmonique, mais avec un souci de faire évoluer l’idée de départ dans le sens de la construction et des détails. Un radicalisme de bon aloi avec une certaine retenue. La qualité sonore et la dynamique de ces enregistrements et la sensibilité d’Ewen font que je réécoute à l’envi  et avec un peu plus de plaisir. Ses œuvres graphiques abstraites,  colorées et translucides (trois sur la pochette) expriment ses préoccupations musicales : chaque image partage le même univers en transposant un matériau similaire dans des formes renouvelées. Un excellent travail qui mérite largement d’être découvert in vivo !

Jean – Brice Godet Quartet Mujô FOU Records FR-CD 16



Clarinette et clarinette basse pour Jean – Brice Godet, sax alto pour Michaël Attias, contrebasse pour Pascal Niggenkemper batterie pour Carlo Costa. FOU records, administré et animé par un vrai FOU des musiques improvisées, Jean Marc Foussat, a publié déjà de belles surprises dans des registres variés. Ce quartet dirigé par Jean-Brice Godet et enregistré à Brooklyn pourrait être qualifié de (jazz) West Coast contemporain, la nostalgie en moins et avec des modes originaux .  Les sept compositions sont de Godet. Takanakuy (Dance Danse Tanz) révèle un swing sautillant où excelle le sens mélodique et le timbre de la clarinette basse. Les titres Ballade suspendue, Eloge de la chute suggèrent  les idées musicales développées par le quartet. On trouve pêle-mêle un thème giuffrien joués à l’unisson (Werde Ich), quelques errances free fugaces, des beaux développements du rythme, une réelle entente et une écriture soignée vecteur d’une belle sensibilité (sans tarabiscotages). Il se paient le luxe de faire dériver la construction d’un thème vers le son libéré en conservant l’esprit de la composition. Mujô est un moment sensible introduit très librement avant le superbe thème  dodécaphonique joué avec la plus belle connivence sur une rythmique binaire et dont on remarquera les improvisations logiquement subtiles des souffleurs. C’est un disque de jazz (free ??) comme on les aime. Bertrand Gastaut a publié récemment un magnifique John Carter – Bobby Bradford sur son label Dark Tree, NO Uturn. Voici un bel enregistrement qu’on écoutera à la file après ce dernier piur se détendre avec délectation.

Granularities Scenes of Trialogue Lawrence Casserley Martin Mayes Gianni Mimmo Amirani.
Durant l’année qui précéda cet enregistrement intriguant (2010, c’est déjà loin), Lawrence Casserley réalisait la complexe mise au point de la granularité de son système de Live Signal Processing, un impressionnant conglomérat de plusieurs logiciels  qui lui permettent de travailler en temps réel le son direct d’un improvisateur instrumentiste ou même plusieurs en le transformant spontanément. Partagé entre les volutes pointues et lyriques de Gianni Mimmo, un spécialiste remarquable du sax soprano, et les difractions de la colonne d’air du cor de Martin Mayes, Casserley crée en temps réel des correspondances et des extrapolations digitales avec leurs souffles conjugués ou alternés. Il manie aussi des instruments de percussions dont un gong, des cymbales et effleure une sanza dans le Final. L’album présente une suite équilibrée de différentes occurrences sonores, témoignage du potentiel musical et formel de ce trio atypique. Décrites comme des Scènes d’un Trialogue, elles le sont effectivement tant la signification du néologisme trialogue rend effectivement les interactions en présence qui se résolvent dans chacun des neufs actes et entractes de cette mise en scène des sons du collectif. J’ai le sentiment que cette description formelle du découpage de la musique jouée en référence à une pièce de théâtre, comme elle est indiquée dans la pochette, est le fait du saxophoniste transalpin, celui-ci affectionnant de verbaliser poétiquement ses émotions et ses impressions créatrices. On imagine les deux British moins exégétiques et explicites. Cela dit, cela n’enlève rien à la créativité et à la singularité des échanges improvisés lesquels évitent la technicité instrumentale voyante pour aller à l’essentiel dans un temps suspendu, flottant soulevé par les permutations électro-acoustiques.
Si Gianni Mimmo aime à confronter sa pratique avec des artistes différents (Gianni Lenoci, Harri Sjöström, Hannah Marshall & Nicolà Guazzaloca, Daniel Levin, Alison Blunt) avec un réel succès sans se départir de sa manière personnelle, Lawrence Casserley affirme au fil de ses enregistrements une capacité peu ordinaire à reconsidérer les paramètres dynamiques de son processing et ses modes de jeux face à de nouveaux comparses concrétisant ainsi que l’improvisation est bien l’art de la surprise. Quant au joueur de french horn Martin Mayes, un membre de la première communauté improvisée londonienne durant les seventies et établi en Italie depuis des décennies, je n’ai malheureusement pas assez de références pour dire autre chose que c’est un musicien fort intéressant si j’en juge son travail ici-même et l’album solo Unique Horn publié par Random Acoustics il y a pas mal d’années. Donc un message à découvrir ! 
  

7 avril 2016

Ian Brighton- Martin Küchen & Hermann Müntzing - Dom Lash & Alex Ward - Making Rooms cdbox Russell Parker Edwards Grant Ward Thomas Blunt Taylor Leahy - Pow Gamra Conca /Oliva /Sanna /Giust

Now and Then Ian Brighton Confront Records ccs 62

Dès la première plage, la voix de Derek Bailey commente les relations entre l’acte de jouer et d’improviser et celui d’enregistrer. Cet enregistrement est suivi de chasing lol, un solo de guitare électrique de Ian Brighton qui évoque largement le Derek Bailey bruitiste des années 70 pour dévier ensuite vers la démarche actuelle particulière de Brighton. Lol pour Lol Coxhill vraisemblablement.
Ian Brighton est l’initiateur du groupe Balance, au départ un duo avec le percussionniste Frank Perry, dont l’album datant de 1973 et produit par le label Incus d’Evan Parker et Derek Bailey est un témoignage absolument remarquable de musique improvisée libre « british » des débuts. Au casting de ce quintet rare et non réédité, rien moins que le tromboniste Radu Malfatti et le violoniste Philipp Wachsmann, soit deux incontournables, Brighton, Perry et le violoncelliste Colin Wood qui fit partie du Spontaneous Music Ensemble « string » en 1976-77 et partit ensuite en Inde.
On trouva aussi Brighton dans l’album February Papers de Tony Oxley avec Barry Guy et Phil Wachsmann (Incus 18) et un excellent album à son nom, Marsh Gas où on l’entend en solo, en duos avec Radu Malfatti et Marcio Mattos et en trio avec Roger Smith et Phil Wachsmann (Bead Records 1974). Vu le nombre restreint d’enregistrements d’improvisation radicale à cette époque, cela faisait de Ian Brighton une personnalité importante de la free music londonienne naissante : certains de ses projets ont d’ailleurs été présentés à l’ICA – Institute of Contemporary Arts où défila durant toute la décennie la crème de la scène « anglaise ». La troisième plage,  30 years from yesterday,   fait allusion au CD Eleven Years from Yesterday (Bead/ FMR 1986) et nous fait découvrir une improvisation de 1986 avec le personnel de ce disque (passé complètement inaperçu à l’époque) : Phil Wachsmann, Marcio Mattos à la contrebasse et le percussionniste Trevor Taylor mais sans le pianiste Pete Jacobsen. L’écoute de la quatrième plage, alive and well, résume très bien l’approche de Ian Brighton à la guitare électrique basée sur la dynamique, les harmoniques, la pédale de volume, les glissandi, le Webernisme, les sons bruissants obtenus en grattant les cordes sur le fil ou à proximité du chevalet. Un univers proche de celui de Derek Bailey comme on peut l’entendre sur ses deux premiers albums solos publiés par Incus, (Solo Incus 2 et Lot 74 Incus 12) avec des colorations et des résolutions différentes. Très original et complètement hors du champ du jazz ou du rock alternatif. Il n’hésite pas à explorer le manche, les cordes et tous les sons disponibles en jouant tout à fait autrement qu’on lui a appris. L’amplification est parcimonieuse et sert avant tout à colorer sa gestuelle arachnéenne. Ces effets sont obtenus par la manipulation de l’instrument, bien plus qu’avec des pédales et boîtiers électroniques. Percussion discussion nous le fait entendre avec (une bande ?) des sons de percussions par Trevor Taylor et Frank Perry et la flûte de Nicky Heinen. Les deux derniers morceaux generation apart et going home sont des duos avec Paul Brighton, live electronics,  lequel a assuré la prise de son. Plutôt qu’un enregistrement effectué d’une traite en studio, now and then constitue une anthologie d’histoires singulières et de moments qui relatent l’acte de jouer. L’ensemble est intéressant, le boîtier métallique made Confront Records aussi classe que la musique, la sonorité du guitariste s’y révèle unique et il y a des choses qu’il faut découvrir si on veut se faire une idée de l’évolution de la musique improvisée libre radicale avant son acceptation urbi et orbi. À recommander (vous n’allez quand même pas collectionner tout Derek Bailey ? Il en faut pour toute le monde) Alors, voici de quoi vous sustenter avec la voix du maître en prime.

küchen & müntzing scheibenhoning rop på hjälp inexhaustible editions ie-002

Outre le saxophone sopranino de Martin Küchen, Hermann Müntzing et lui jouent des  kitchen gadgets, strings & sticks, water, old harmonium case, toy electronics (MK) et des flexichord, metal, wood and plastic things, mandoline, toy synth, megaphone, failtronics, contact microphones (HM). Avec un tel bric-à-brac, Küchen et Müntzing parviennent à un achèvement rare dans la mise en sons, l’étalement dans le temps, et le sens perçu par l’auditeur. 1 (22’15’’) et 2 (16’20’’) sont enregistrés avec une dynamique remarquable et une excellente lisibilité. En poussant le volume assez fort, on n’est jamais agressé par cette musique percussive, bruissante et heuristique, voire charivaresque par instants. Cette pratique n’est pas neuve per se, mais nos deux artistes l’incarnent avec beaucoup de conviction et de bonheur. La poésie qui s’en dégage est contagieuse. Quand Martin embouche son sopranino et égrène quelques notes libérant au moins une main, on est frappé par la profusion de sons jamais envahissants produits par son compère. Le deuxième morceau démontre que leur musique n’est pas un gadget ou le produit d’effets faciles : s’impose directement, un autre univers, une autre direction, différents de la pièce précédente.  Cela va droit au but à travers les méandres de leur imagination. Réjouissant !

Dominic Lash Alex Ward Appliance Vector Sound VS016

Sept pièces en duo contrebasse et clarinette composées respectivement par le clarinettiste Alex Ward (Purchase et un morceau non cité sur la pochette, Three by three ), le bassiste Dominic Lash (Oat Roe, Appliance)  et co-composées (ou librement improvisées) par les deux partenaires (Whelm, Grunt Work, Subtext). Dans la lignée des autres compositions d’Alex Ward, ce clarinettiste marie subtilement la démarche contemporaine vingtiémiste avec un phrasé jazz assumé. Sa collaboration avec le compositeur bassiste Simon H Fell, SF Duo : Gruppen Modulor 1, est un chef d’œuvre absolu dû à la plume du génial contrebassiste et au talent exceptionnel d’Alex Ward (Download :  https://brucesfingers.bandcamp.com/album/gruppen-modulor-1 ). C’est pourquoi, je n’hésite pas un instant à repasser  cet Appliance assez court (38’), mais remarquable. Dominic Lash enfonce le pizzicato sourd, grave et élastique avec une majesté digne de Charlie Haden quand Alex Ward voltige du grave à l’aigu dans tout le registre du chalumeau, contorsionnant la colonne d’air avec le plus grand naturel lorsque la partition le requiert. Improvisé ? Composé ?  Les moments retenus, soniques et délicats affleurent et leurs tempéraments s’emportent soudainement. Cela joue, la musique est requérante, travaillée et ludique… Le dialogue traverse plusieurs affects et la connivence est de tous les instants.  Le morceau Appliance contient quelques notes qui évoquent  brièvement Steve Swallow et Jimmy Giuffre dans leur fameux trio initiateur. Le septième morceau au titre inconnu est un magnifique parcours détaillé (vraisemblablement) par une partition graphique d’Alex Ward. Les parties de contrebasse à l’archet soulignent remarquablement les volutes et sinuosités de la clarinette. Contrepoint très original. Alex Ward est non seulement un virtuose, mais aussi un compositeur avisé. Tout cela fait un excellent album. 
PS : information reçue de Dominic Lash après la publication :
I thought it might be good to clear up the muddle with the track listing - they actually missed off a title in the middle! 

So the tracks are actually:

1. Purchase (Ward)
2. Oat Roe (Lash)
3. Whelm (improv)
4. Gruntwork (improv)
5. Three by three (Lash)
6. Appliance (improv)
7. Subtext (Ward)

Making Rooms Weekertoft 4 cd box : Evan Parker - John Edwards - John Russell : Chasing the Peripanjandra, Pat Thomas solo : Naqsh, Alison Blunt - Benedict Taylor - David Leahy : Knottings, Kay Grant – Alex Ward : Seven Cities.

Weekertoft est le label conjoint du guitariste John Russell et du pianiste irlandais Paul G. Smyth créé dans le sillage de la série mensuelle de concerts Mopomoso qu’anime Russell depuis 1991 au mythique Red Rose jusqu’en 2007 et au Vortex Jazz Bar de Dalston depuis lors. Ce club incontournable a donné une visibilité nettement plus grande à Mopomoso soutenue par la publication systématique de séquences vidéos souvent réalisées par la cinéaste Helen Petts et  qui ont fait le tour du monde par le truchement de Youtube. Deux extraits de mes propres concerts au Vortex récoltent chacun deux mille vues……. Et il y en a ainsi des centaines vues chacune des centaines de fois c’est vous dire le rayonnement de Momoposo après seize  années d’acharnement au Red Rose  où l’assistance ne dépassait pas souvent la quinzaine d’auditeurs. Aussi, faut-il le répéter ? , John Russell a eu la clairvoyance et l’audace d’offrir à un tas d’inconnus « débutants » leur quasi premier gig et que ces invités sont très souvent devenus des artistes de premier plan.  
En 2013, eut lieu le Mopomoso Tour : Birmingham, Brighton, Bristol, Oxford, Sheffield, Newcastle, Manchester. Ce coffret rassemble des enregistrements réalisés durant cette tournée qui eut l’heur de toucher un plus large public qu’à l’accoutumée. Chacun des trios, duo ou solo a droit à un cd complet. Une véritable découverte en ce qui me concerne est l’album solo du pianiste Pat Thomas. Une musique singulière, physique, cérébrale, rageuse marquée par le jazz mais aussi la contemporéanité. Refus des effets racoleurs et des clins d’œil, sauf à la toute fin, ce qui amuse le public. Un solide doigté au service d’une réelle originalité : son jeu est immédiatement reconnaissable et sa démarche embrasse plusieurs réalités du clavier et de l’instrument au-delà d’un style. Un vrai compositeur de l’instant qui mérite le feu des projecteurs pour autant de bonnes raisons que les Matt Shipp, Agusti Fernandez, Sten Sandell et autres prodiges qui ont  pris en main la succession de la génération Taylor, Van Hove  et  von Schlippenbach. J’avais apprécié son album solo Nur publié par Emanem en 2001, mais je trouve que sa musique s’est réellement bonifiée. On comparera  aussi le duo voix clarinette de Kay Grant et Alex Ward avec leur album Emanem Fast Talk (5021) qui était composé de dix pièces tirées de cinq concerts différents entre 2008 et 2011. Leur Seven Cities créées dans l’enthousiasme de la tournée fait tourbillonner leurs idées pour notre plus grand bonheur et apporte un plus à la qualité de leur collaboration. J’ai bien sûr un faible pour ce clarinettiste magistral d’une grande musicalité et l’imagination de sa partenaire met ce duo en valeur. Quoi dire du trio Evan Parker John Edwards et John Russell, si ce n’est qu’il s’agit du trio british de référence de ce saxophoniste légendaire parmi ses multiples associations. En effet, le trio avec Guy et Lytton étant international, le bassiste vit et est très actif en Suisse et Lytton à l’est de la Belgique et est un pilier de la scène Rhénane. La guitare radicale et entièrement acoustique du patron de Mopomoso et de Weekertoft  est vraiment pour quelque chose dans l’excellence de ce trio: s’il y a un musicien qui joue avec tout en se distinguant avec ses harmoniques, griffures, accords non résolus et intervalles dissonnants, c’est bien Russell. Quant à John Edwards, on se demande comment ce freluquet arrive à faire vibrer, grincer, mugir ou faire rêver avec autant d’énergie son gros violon … mystère. Les jeux tricotés de Knottings créent une fusion des cordes frottées, frappées, froissées, frictionnées avec une belle dynamique. Les doigts de fée d’Alison Blunt commentent sur la touche de son violon les glissandi magiques (Johannes Rosenberg en frémit dans sa tombe !) de l’alto dégingandé de Benedict Taylor et rendent légers les grondements et froncements du contrebassiste David Leahy, une pince sérieuse du gros manche. On peut comparer ce trio avec cet autre où Alison Blunt excelle en compagnie d’Hannah Marshall au violoncelle et du rare Ivor Kallin à l’alto (Gratuitous Abuse Emanem 5020). Et là aussi, bonus, bonus, bonus. On croit parfois avoir fait le tour mais l’excellence musicale convainc toujours. Je ne vais pas plus m’étendre sur le sujet car la réécoute de ce coffret réussi m’appelle….
En fait, ce coffret Making Rooms est dans le prolongement des doubles cédés Emanem qui documentaient le festival Freedom of the City dans les quels figurent aussi Pat Thomas en solo (édition 2001), le duo Evan Parker - John Russell (édition 2002) et durant lequel excellèrent David Leahy, John Edwards (avec Dunmall/ Bianco et en duo avec John Butcher), Alex Ward (avec Luke Barlow, mémorable) et Alison Blunt dirigeant le LIO…. Souvenirs impérissables … !

pow gamra Paed Conca Eugenio Sanna Patrizia Oliva Stefano Giust Setola di Maiale

Enregistré au festival Chilli Jazz / Limmitationes à la frontière austro-hongroise, ce remarquable quartet met en présence des personnalités tranchées avec des univers bien distincts qui tentent avec succès d’agencer leurs flux, leurs rêves, leurs singularités en créant des espaces, des moments d’écoute ou des vagues d’emportement. La guitare saturée et bruitiste du Pisan Eugenio Sanna dose son énergie brute et électrocutée en respectant la balance du groupe. Ludique. En effet, il y a la voix amplifiée et entourée d’effets électroniques de Patrizia Oliva (loops, réverb) qui raconte des histoires, transforme des mots ou s’élève au dessus de la mêlée voix blanche ou vociférée. Paed Conca transsubstantie le souffle, la colonne d’air, les spirales, démultiplie les impacts des roulements accentués de guingois de Stefano Giust, un vrai batteur de free-music, ou musarde par dessus les ricochets  et les harmoniques. Le jeu détaillé, énergique et aéré de Giust attire l’écoute sans jamais envahir l’espace sonore et se fond parfois entièrement dans les strates respectives de ses camarades.  Deux longues pièces où la précipitation côtoie la méditation, où l’action déplace constamment les centres de gravités dans de belles métamorphoses sonores et poétiques etc... Chacun fait de la place à l’autre et tous œuvrent pour que chacun ait son mot à dire avec de multiples niveaux d’énergie, de cohésion ou de charivari assumé. La dynamique de jeu convainc bien au-delà des imprécisions de la prise de sons. Un bon point à chacun et kudos pour ce quartet atypique.